Texte de l'excellent François Capaces...les jolies photos en noir et blancs sont de la charmante Delphine Davidou que je remercie également!
De la coupe piratée.
La journée commençait bien. Les trois véhicules ont
convergé avec la précision des Scipions attaquant la mortadelle.
Nous nous sommes retrouvé sur zone, prêts à occuper le terrain. Salle
Nicolas Schmitt, ça ne s'invente pas.
Divisés en deux équipes, nous avons
essuyé les premières escarmouches de la matinée.
J'étais responsable de
l'équipe rouge. Christophe chapeautait l'équipe rouge.....
Jean-Marc a rapidement gagné contre un mauvais joueur.
Je traduis les propos
de Jean-Marc: un joueur qui a préféré sacrifier une pièce plutôt que de voir son
roque
éventré avec mat à suivre. Du très mauvais esprit, donc, mais un point
pour nous.
Côté jeunes filles, c'était pas mal, ça nous a pas coûté l'écoute de
grand'voile,
mais deux roues de vélo dans la musette. Bon, on fait avec, ce
n'est qu'un jeu comme on dit quand on morfle un bon coup.
Restait ma pomme en
face de mon client et réciproquement,
aucun des deux décidé à lâcher le
morcif.
Dans une finale qui s'achemine vers la nulle comme le mouton vers
l'abattoir
mon adversaire commence à faufiler son roi dans un réseau.
Il
calcule comme un damné pour finalement rater une variante de nul, lâcher le
guidon,
puis une qualité pour finir dans un mat aidé.
Match nul, d'autor
et d'achar.
Pendant ce temps, loin de ce bruit et cette fureur, l'équipe
rouge gagnait sans trembler 3 à 1.
*** Pause casse-croute dans le petit parc le temps de nous remettre de nos
émotions et nos paramètres vitaux à l'horizontale ***
L'après midi nous voilà
catapultés table 1 contre l'équipe fanion du club présidentiel qui nous attend,
la hache à la main et un sourire carnassier aux lèvres.
Le temps de dire
"j'adoube", Jean-Marc est trucidé au milieu de l'échiquier pendant que ma
position a un vieux relent de cabinets pas propres. Je signe mon arrêt de mort
et ma feuille de partie et je vais me changer les idées. Tiens, je vais aller
voir ce que font les filles !
Surprise. Rosine est en train de serrer le
quiqui à Stéphane Vignale.
Quand à Laure, après avoir lâché une qualité en
rase campagne (plus un pion pour le personnel) la voilà qui monte une attaque
pas très discrète sur le roque adverse.
Au moment où la position s'emballe -
du pas trop clair tirant sur le jus de boudin - sur la foi d'un coup
intermédiaire vicieux, Laure attaque une tour adverse en posant un fou sur une
case où il n'était pas attendu.
Et pour cause. J'ai vu Laure secouée du frisson qui étreint le voyageur
imprudent au moment de poser le pied sur une mine.
On ne se méfie jamais
assez d'un cheval qui recule. Exit le fou. Rideau.
À côté Rosine, à court
de patience, commence à combiner l'enfermement d'une tour, au prix de
l'affaiblissement de soi roi.
Quelques intermezzos plus tard, la tour
s'échappe, le quiqui est desserré et Rosine rend les armes.
Compte que tu
recomptes, ça nous fait quatre œufs de canne bien alignés.
Chez
Christophe - les rouges donc - Franz gaffe dans une position difficile à
jouer.
Au moment où il égalise enfin, Christophe balance une tour aux
orties.
Résultat, les deux équipes rouges ont fait jeu égal. 4-0
partout.
Dernière ronde.
Le tankiste Jean-Marc manœuvre avec rudesse
dans la position adverse sans trop se soucier des pièces
qui n'ont pas la
présence d'esprit de s'écarter assez vite. Le mat vient comme un soulagement
pour tout le monde.
Laure n'a visiblement plus la stamina nécessaire pour
calculer et baisse pavillon.
Je gagne rapidement une pièce, je me
regroupe comme je peux pour éviter le contre jeu.
Le temps de calculer des
complications (qui reprend quoi, quelle pièce obstrue quelle autre en fin de
variante) mon adversaire abandonne.
Je n'en demande pas tant, signez là,
merci, et je vais voir Rosine.
Qui a décidé que son adversaire allait
payer pour les deux autres.
Forte de son fou en fianchetto qui crame au laser
tout ce qui passe sur la grande diagonale, elle est en train d'expliquer à son
adversaire qu'il n'aurait pas dû attaquer comme la lune à l'aile-roi. Parce que
ça fait des trous dans sa position.
Comme disait Xavier Parmentier, si ton
adversaire t'attaque à l'aile, tu réagis ... à la cuisse.
Sans lâcher le
morceau, Rosine joua son dernier coup, appuya sur la pendule, laissant à quia un
adversaire incrédule.
Il était mat.
En fin de compte excellent esprit d'équipe.
Christophe et Rosine ont été étonnants
dans leurs parties.
Tous les Seichanais ont joué sérieusement (surtout les rouges).